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“L’enjeu se trouve dans l’éducation des investisseurs” : interview avec Christophe Gauthier, PDG de French ICO

5 mins
Mis à jour par Soilihi Dhoulkifli
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EN BREF

  • BeInCrypto s'est entretenu avec Christophe Gauthier, le PDG de l'organisation French ICO.
  • M. Gauthier nous présente son projet et parle de la situation actuelle des ICO.
  • Le PDG met l'accent sur la volatilité du secteur et rappelle que pour éviter les cas de fraudes, "’l'enjeu se trouve dans l’éducation des investisseurs".
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BeInCrypto s’est entretenu avec Christophe Gauthier, le PDG de l’organisation French ICO, afin de nous en dire plus sur les ambitions de sa compagnie et de tester le pouls des ICO (Initial Coin Offering).

BIC : Qu’est ce qu’est French ICO ? Comment définiriez- vous votre compagnie ?

Christophe Gauthier : French ICO, c’est une compagnie créée en 2018. Elle a été créée juste après l’explosion de la bulle des cryptos en 2017. Le but derrière cela était de proposer une plateforme qui ne nécessiterait aucune expertise pour ceux qui seraient intéressés pour recourir à une levée de fonds basée sur les ICO. 

Nous sommes la première société française à avoir obtenu le Visa AMF permettant une meilleure régulation pour les ICO.

BIC : Quelle est votre expérience dans le marché ? Comment avez-vous été amené aux cryptomonnaies ?

Christophe Gauthier : Je suis ingénieur informatique, après 15 ans dans l’industrie en tant que directeur projet, c’est en 2015 que je me suis intéressé à la technologie blockchain et aux cryptomonnaies et plus particulièrement Ethereum qui est une blockchain programmable L’apprentissage de programmation s’est fait avec Solidity en 2016.  C’était tout d’abord un passe-temps puisque je trouvais que programmer des smart-contracts était divertissant. 

BIC : Pourquoi les ICO en particulier, ou qu’est ce qui vous a poussé à vous attaquer à ce marché ?

Christophe Gauthier : Je crois au futur des ICO ainsi qu’à la cause derrière les blockchains. Les acteurs de cette industrie, en général, surfent sur les tendances : l’engouement créé à travers l’apparition des IEO, IDO et STO. Nous, on se focalise sur les aspects légaux et utilitaires. Leur simplicité de déploiement nous a amené à leur porter une préférence. Les jetons utilitaires sont plus intéressants à manipuler qu’un actif financier tel que les STO.

Plus précisement, les ICO ont un cadre réglementaire plus souples que les STO, l’émission de Token utilitaire évite la dissolution de capital et qu’ils permettent de nombreux usages très pertinent qui peuvent leur donner beaucoup d’intérêt tant pour les investisseurs qui recherchent des rendements que pour les investisseurs qui recherchent des avantages ou des exclusivités grâce aux jetons

BIC : Les ICOs sont réputées pour être frauduleuses. D’après nos données, 98% des ICO DeFi seraient frauduleuses. Quelle est votre réaction face à cette donnée, pensez-vous que les ICO méritent toujours cette réputation ?

Christophe Gauthier : Elle ne mérite pas de porter une telle étiquette mais c’est une vérité. C’est en partie de la faute des initiateurs de ces projets mais également des investisseurs. Un investisseur qui se place sans comprendre dans quoi il s’embarque, c’est un problème récurrent dans cette industrie. L’enjeu se trouve alors dans l’éducation des investisseurs, dont très peu en général fournissent les moyens et les efforts nécessaires de recherche, aucune méthode. Investir pour investir, de quoi attirer des individus qui veulent profiter de ce type de comportement.   

BIC :Que pensez-vous du marché des ICO cette année par rapport aux précédentes ?

Christophe Gauthier : Cette année, l’investissement dans les cryptomonnaies est très bas en comparaison avec les années précédentes. Le marché de la crypto est très volatile et le public l’est tout autant. Les investisseurs passent d’un sujet à un autre très rapidement ; le public va un peu dans tous les sens vers la source d’argent la plus rapide. À un moment donné, le marché se stabilisera et nous reviendrons probablement sur des choses dont on sera plus certains  avec des plateformes et projets qui disparaîtront et apparaîtront selon leurs fondations et utilités. Il n’est donc pas très étonnant de voir une année fluctuer à l’autre.

BIC : Il existe à ce jour plusieurs alternatives aux ICO : les IEO, IDO ou STO. Pensez vous que l’une de ces alternatives remplacera les ICO ?

Christophe Gauthier : Je vais m’attarder point par point là dessus.

Tout d’abord les ICO . c’est l’alternative la plus simple et la première qui offre des jetons utilitaires, qui d’un point de vue réglementaire présente un cadre beaucoup plus simple. Une analogie que j’aime bien employer : celle des points de fidélité. Vous pouvez voir les jetons comme des points de fidélité que vous pouvez échanger contre de l’argent, mais vous pouvez en même temps les utiliser pour recevoir des réductions ou des cadeaux. Un jeton utilitaire, c’est basiquement cela. C’est pour cela que je trouve l’idée plus intéressante en comparaison avec les levées de fonds classiques.

Ensuite les STO. L’intérêt de tokeniser un actif financier (Security token) est de rendre plus liquide les parts de société non cotées. Cependant la blockchain ne répond pas à se problème de liquidité car ce qui bloque la liquidité d’un actif non coté est surtout lié aux contraintes juridiques exposées dans les pactes d’actionnaires.Tokeniser un actif ne le rend donc pas plus liquide car dans tous les cas, la réglementation à appliquer est la même, que l’actif soit tokénisé ou non.

Un rapport de l’AMF a d’ailleurs été rédigé sur le sujet.

Après cela, les IEO et IDO. Le principe est simple, donner ou vendre ces tokens à un prix peu cher et profiter de la notoriété de la plateforme d’échange centralisée pour engendrer rapidement des revenus. C’est utile pour la communauté et le projet puisqu’il profite de la renommé de la plateforme, mais cela a tendance à rendre le projet moins solide. Au final, si derrière le token, le projet est vide ou creux, sa monnaie baissera inévitablement avec son projet. Les IDO reprennent l’idée mais en pire, puisque leur gouvernance est décentralisée, permettant ainsi à n’importe quel projet de s’y insérer.

BIC : Comment évaluez-vous la valeur d’une ICO ?

Christophe Gauthier : Tout d’abord l’équipe, des fondateurs expérimentés et une équipe complémentaires sont souvent la clé du succés. Ce n’est pas le nombre important d’advisors d’un projet qui lui donne du crédit.

Ensuite, le secteur d’activité, les valeurs du projet et son éthique. Le projet doit m’interesser je dois y trouver des valeurs concrètes qui me parlent. Je dois avoir envie d’y investir personnellement.

Et le troisième point qui est peut être le plus important sont les usages proposés aux jetons émis. Un jeton qui ne sert à rien et qui ne présente aucun intérêt particulier (avantages, exclusivités, accès privés…) n’a pas de valeur. Je me méfie toujours des jolies projets sur papier qui au final sont des “coquilles vides”.

BIC : La régulation autour des cryptos reste encore très floue en France, et même de manière générale dans le monde. Vers quelle direction pensez-vous que les ICO se dirigent sur le plan réglementaire ? 

Christophe Gauthier : Le milieu n’est plus flou du tout à présent. En 2019, la France a régulé le statut des ICO avec le Visa AMF. Pour autant, celui-ci reste facultatif mais si une ICO ne l’obtient pas, celle-ci n’a pas l’autorisation de faire du démarchage auprès du grand public. En d’autre termes, elles n’ont pas le droit de promouvoir leur projet, sauf aux investisseurs expérimentés. L’AMF va ainsi examiner le projet, le comprendre et le juger afin d’établir un rapport sur un potentiel projet frauduleux. La France est d’ailleurs l’un des pays qui régule le plus les ICO.

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Soilihi Dhoulkifli
Depuis 2017, Dhoulkifli se spécialise dans l'analyse de crypto-projets, notamment les ICO. Il a travaillé pour plusieurs acteurs privés et publics en tant qu'analyste, médiateur, rédacteur et chercheur.
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