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Non, on ne peut pas tout faire avec les smart contracts

5 mins
Par Josh Adams
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EN BREF

  • Introduits par la blockchain Ethereum, les smart contracts ouvrent tout un monde de possibilités.
  • Les mordus de cette nouvelle technologie pensent qu’elle n’a pas de limites.
  • En réalité, les contrats intelligents ne sont pas suffisamment intelligents pour comprendre le monde complexe dans lequel nous vivons.
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C’est indéniable, les smart contracts (contrats intelligents) ont révolutionné le système financier. Mais sont-ils capables de tout faire ?

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le concept des contrats intelligents a été introduit pour la première fois en 1994 par Nick Szabo. À l’époque, l’informaticien qui est juriste de formation, comparait ces protocoles à un simple “distributeur automatique”, qui vous donne un produit lorsque vous insérez suffisamment de pièces.

En termes simples, un smart contract est un programme informatique qui exécute automatiquement les termes d’un accord lorsque certaines conditions sont remplies. En d’autres termes, il s’agit d’un outil qui permet de créer des contrats auto-exécutoires sans passer par des intermédiaires (à l’image d’un avocat qui exécute un testament, par exemple).

Au début des années 2010, les smart contracts avaient le vent en poupe sur les marchés du dark web. Leur mode de fonctionnement était plutôt simple : les acheteurs déposaient leur argent (généralement en Bitcoin) dans des comptes protégés qui ne libéraient les fonds qu’après la livraison des produits. L’idée était d’éviter le recours à toute entité centrale en cas de litige.

Malgré leur grande utilité, les smart contracts sont tombés aux oubliettes et n’étaient utilisés que par certains utilisateurs du dark web. Cependant, depuis le lancement de la blockchain Ethereum en 2015, ils ont regagné leurs lettres de noblesse.

Les développeurs ont compris qu’ils pouvaient créer des applications entièrement décentralisées (dApps) sur la blockchain en utilisant les contrats intelligents. De même, ils se sont rendus compte que ces petits protocoles informatiques étaient capables de gérer les transactions de prêt et d’emprunt, de trading et même certains services d’assurance. Le tout sans aucun intermédiaire ni entité centrale.

Les smart contracts peuvent-ils remplacer les lois ?

La préhistoire des contrats intelligents commence sans doute avec le livre «Code and Other Laws of Cyberspace» publié en 1999 par Lawrence Lessig. Dans son livre, le célèbre juriste a écrit noir sur blanc que dans le cyberespace, le code informatique est très similaire aux lois de la vie réelle et peut même les remplacer. Aujourd’hui, alors qu’Internet imprègne tous les aspects de notre vie et que les gouvernements surveillent presque tous les aspects du comportement des entreprises et des individus, l’idée de Lessig est encore loin d’être plausible.

Source : QuoteInspector

Cependant, l’écrivain a marqué nos esprits avec sa célèbre phrase “Code is Law”, qui signifie que l’informatique peut remplacer la loi. Aujourd’hui, cette fameuse phrase est souvent citée pour décrire comment les mathématiques et l’informatique peuvent supprimer l’ambiguïté et la manipulation. Mais bien sûr, les choses ne sont pas aussi simples qu’on ne le pense.

“Comme nous l’avons vu l’année dernière avec Terra Luna, Celsius et FTX et plus récemment avec Mango DAO, le code informatique commence à atteindre ses limites, et les acteurs malveillants ont toujours la possibilité d’orchestrer des attaques, des hacks ou d’autres opérations malveillantes”, note Nicolas Biagosch, le cofondateur de Q Blockchain, dont la devise est “Beyond Code Is Law” (la loi est au dessus du code informatique).

“Alors que de plus en plus d’humains entrent dans le monde du Web3, nous avons besoin d’une gouvernance qui tient compte des nuances et des intentions humaines. La citation ‘Code is Law’ fonctionne dans certaines situations, mais pas toujours”.

Non, les smarts contracts ne sont pas parfaits

À en croire leurs partisans, les smart contracts seraient capables de remplacer les avocats. Pourquoi dépendre d’une hiérarchie d’arbitrage bureaucratique (voire corrompue), alors que vous pouvez exécuter des décisions juridiques avec du code informatique ? Et plutôt que de considérer le code informatique comme la loi du cyberespace, pourquoi ne pas en faire la loi du monde réel ?

Eh bien, la réponse est simple : les tribunaux peuvent annuler les mauvaises décisions et même les réduire avec des mécanismes éprouvés que nous connaissons tous. Par exemple, si vous envoyez des BTC par erreur à quelqu’un, le tribunal va examiner vos preuves et ordonner le renvoi des fonds vers votre wallet crypto.

Comme vous le savez, lorsque vous effectuez une transaction sur la blockchain, vous ne pouvez pas faire marche arrière. En effet, la blockchain est immuable, ce qui signifie que les transactions validées et les smart contracts ne peuvent pas être modifiés. Certes, vous pouvez demander au contrat intelligent de corriger les bugs et les erreurs, mais cela vous prendra énormément de temps et de ressources.

Oui, nous pouvons certainement aller au-delà de la DeFi et utiliser les smart contracts dans d’autres secteurs, poursuit Nicolas Biagosch. “Mais pouvons-nous compter uniquement sur le code ? Pas dans l’état actuel des choses”. Aujourd’hui, les smart contracts ne comprennent pas les nuances, les intentions et la complexité des êtres humains. Afin de bâtir des sociétés et des organisations décentralisées, nous devons trouver un moyen de combiner un code sans confiance avec des outils qui tiennent compte des intentions humaines.

“On ne peut pas faire confiance au code informatique dans toutes les situations de la vie. Et les humains ont le pouvoir unique de penser de manière rétrospective, de juger les intentions et de déterminer si certaines actions sont conformes ou non aux règles. Cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas utiliser le code informatique en tant qu’outil de gouvernance dans le Web3, mais que nous devons le combiner avec le langage humain.”

Les humains sont la seule pièce manquante du puzzle

“Tout comme un distributeur automatique, les contrats intelligents ne peuvent pas non plus comprendre les complexités des sociétés humaines dans lesquelles ils existent. Ils ne sont pas ‘intelligents’ au vrai sens du terme”, souligne Cain Cao, membre principal de KCC et de GoDao. “Ils ne peuvent pas traiter des transactions de façon automatique, stocker des structures de données complexes, ou exécuter des calculs complexes, et ils coûtent cher en plus ; ce sont des problèmes à court terme”.

“À long terme, la plus grande limite des smart contracts et de la DeFi sera leur capacité à percevoir le monde réel. En effet, nous n’avons pas suffisamment de services d’oracle efficaces et sécurisés qui nécessitent des proxys externes. Il n’existe toujours pas de solutions éprouvées pour les assurances complexes, les hypothèques du monde réel, etc”.

Certes, on peut très bien combiner les smart contracts avec l’intelligence artificielle (IA) et l’apprentissage automatique. En effet, l’incroyable essor des chatbots comme ChatGPT a ouvert la possibilité d’ajouter une dimension “humaine” aux contrats intelligents. Oui, on peut créer des machines autonomes qui exécutent des transactions en utilisant d’énormes lots de données. Mais, comme le savent tous ceux qui ont utilisé des modèles de langage IA, ces outils sont loin d’être parfaits. Si l’IA génère des données, comment peut-on vérifier leur exactitude ?

L’intelligence artificielle ne fait donc qu’aggraver les lacunes des contrats intelligents, qui sont écrits dans un langage que la plupart d’entre nous ne peuvent ni lire ni écrire.

“La conception des smart contracts devrait être entièrement modifiée”, estime Awa Sun Yin, cofondatrice d’Anoma. “Pour que les utilisateurs puissent interagir avec les contrats intelligents de façon sûre et anonyme, ils doivent comprendre parfaitement ce qui se passe non seulement dans le contrat intelligent qu’ils utilisent, mais également dans les autres contrats intelligents avec lesquels ils interagissent et dans la blockchain. Ceci est impossible et c’est pour cette raison que les personnes qui utilisent ces applications sans comprendre les risques (attaques, failles de données, etc) finissent par le regretter”

Morale de l’histoire : nous avons besoin des smart contracts, mais les smart contracts ont aussi besoin de nous.

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Fatima-Zahra C
Diplômée de Toulouse Business School, Fatima-Zahra a entamé sa carrière en tant que consultante chez Deloitte, avant de se reconvertir dans la presse économique et fintech. En plus de son travail de journaliste, Fatima-Zahra a géré les relations presse de plusieurs cabinets d’avocats à Paris, Londres et Casablanca. Tombée sous le charme des cryptomonnaies en 2021, elle travaille actuellement en tant que traductrice chez BeInCrypto.
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