L’hiver crypto est temporaire, tandis que les usages de la blockchain évoluent, affirme Johannes Schweifer, PDG et cofondateur de CoreLedger.
Alors que les marchés financiers s’essoufflent et que le pessimisme bat son plein, le battage médiatique et la spéculation sur la crypto et la blockchain s’estompent. L’époque où les NFT pouvaient facilement rapporter des millions de dollars est révolue. Aujourd’hui, les photos d’animaux mignons et les mèmes sont perçus comme des scams.
Heureusement, après la pluie vient le beau temps. Le bear market signifie le début de la saison de développement. Une nouvelle génération de développeurs pourrait voir le jour. Les entreprises travaillent dur et se focalisent sur la création d’innovations pratiques qui apporteront de l’utilité et une plus grande efficacité. Ainsi, elles peuvent surmonter certains des plus grands défis auxquels nous faisons face aujourd’hui.
Les NFT ne sont qu’une petite démonstration du potentiel de la tokenisation. En dehors du domaine artistique, plusieurs objets différents peuvent être transformés en jetons numériques. Cela nous permet d’héberger et d’échanger n’importe quel actif sur la blockchain.
Alors, où sont développés ces projets innovants ? Voici comment la blockchain devient de plus en plus essentielle pour les entreprises.
L’hiver crypto est difficile, mais qu’en est-il de la crise agricole dans les pays émergents ?
Au lendemain de la pandémie, la chute libre du peso et la crise financière ravagent l’Argentine, où l’inflation dépasse 50 %. Plus de 40 % de la production d’huile et de tourteaux de soja proviennent d’Argentine. Les agriculteurs s’empressent donc de liquider leurs actifs réels et physiques. Cela permet aux intermédiaires d’obtenir les marchandises à moindre coût au détriment des agriculteurs.
Il s’agit d’un problème répandu dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage, en particulier dans les économies émergentes, car leurs monnaies nationales se déprécient constamment. En tokenisant leurs actifs agricoles, les agriculteurs pourraient se protéger contre l’inflation.
La technologie blockchain leur permet également d’accéder à des capitaux nationaux et internationaux. Cette solution a déjà été testée dans les fermes d’élevage en Bolivie. Grâce à son modèle participatif tokenisé, les investisseurs du monde entier peuvent y investir. Chaque jeton représente un pourcentage des revenus ou un bon d’échange numérique.
Comment ça fonctionne ?
Alors, comment peut-on appliquer cette solution ? Il suffit d’avoir une technologie de swaps numériques qui augmente la liquidité des tokens en permettant une conversion instantanée de la valeur. Grâce à cette technologie, on peut créer une plateforme P2P qui permet aux utilisateurs d’échanger des jetons de différentes valeurs. Pour cela, la plateforme regroupe un nombre illimité de swaps et de paiements. Ensuite, elle choisit le chemin optimal parmi des milliers de transactions disponibles. Ce, en fonction de plusieurs critères prédéfinis.
Cela permet d’échanger n’importe quel actif contre un autre. Bien qu’elle soit très intéressante, cette technologie a encore du chemin à parcourir pour atteindre son plein potentiel. Plus les échanges augmenteront, plus la technologie gagnera en utilité.
Pour ce faire, les entreprises, les organismes de réglementation et les institutions doivent synchroniser leurs efforts. Il doit également y avoir un changement dans la perception de la technologie. Afin de tracer les bonnes lignes directrices, la peur de l’inconnu doit se transformer en une compréhension des avantages de cette technologie.
Bien qu’il en soit encore à ses débuts, la valeur du marché des actifs tokenisés s’élève à près de 20 milliards de dollars. D’autre part, la taille totale du marché des actifs numériques a atteint 350 milliards de dollars. Cela signifie qu’il existe un énorme potentiel de croissance.
Lutter contre le changement climatique
La lutte contre le changement climatique fait partie des secteurs qui bénéficient de la tokenisation. En effet, les crédits carbone sont des unités qui servent à mesurer les réductions d’émissions de carbone. En les utilisant, les entreprises peuvent réduire, éliminer ou éviter les émissions de gaz à effet de serre (GES).
Il s’agit d’unités transférables certifiées par les gouvernements ou par des organismes de certification indépendants. Chaque unité représente une réduction d’émission d’une tonne métrique de CO2, ou d’une quantité équivalente d’autres GES. Le propriétaire d’un crédit peut également l’utiliser pour contrebalancer ses propres émissions.
La tokenisation des crédits carbone élimine les problèmes de qualité, de transparence opérationnelle et d’évaluation des projets. En intégrant ces crédits sur la blockchain, les gouvernements peuvent garantir la transparence et l’intégrité des informations. En effet, les données sont stockées de façon à éliminer le double comptage (lorsque le crédit est comptabilisé à la fois par l’acheteur et par le vendeur) tout en rendant les crédits échangeables et accessibles partout dans le monde.
Jusqu’à présent, la blockchain héberge près de 22 millions de crédits carbone. L’utilisation de protocoles décentralisés dans le secteur des crédits carbone a donné de nouvelles idées sur la façon de renforcer la transparence et la responsabilité. Cela permet également d’attirer de nouvelles catégories d’investisseurs vers des projets à impact positif sur le climat.
Bien sûr, les législateurs et les entreprises doivent travailler main dans la main afin d’éliminer l’opacité et contribuer à la protection de l’environnement.
Protection de la propriété intellectuelle
Les documents juridiques et les autres types d’accords ou de contrats sont souvent partagés sous forme imprimée, ce afin de garantir leur confidentialité et leur immuabilité.
On sait cependant que la tokenisation permet d’enregistrer et d’échanger n’importe quel actif sur la blockchain. Les entreprises peuvent donc tokeniser les documents et les autres types de données afin de renforcer leur sécurité.
Les éléments enregistrés sur la blockchain sont immuables. Cela permet de prouver leur propriété sans passer par des intermédiaires ou des notaires, tout en standardisant les processus de gestion des droits d’auteur et de la propriété intellectuelle.
En effet, l’obtention d’une preuve de propriété est souvent une démarche longue et coûteuse. Grâce à la blockchain, les chanteurs qui souhaitent prouver l’originalité de leur travail et les scientifiques qui cherchent à breveter leurs inventions disposent d’un outil supplémentaire.
La blockchain a fait son entrée dans le domaine juridique en 2019. Cependant, les politiques d’enregistrement numérique sont différentes d’un pays à l’autre, ce qui peut être contraignant. Mais depuis que la blockchain, qui était auparavant complexe, offre des applications simples et faciles d’usage, la situation évolue dans le bon sens.
Aujourd’hui, même les juridictions les plus conservatrices, comme la Chine, ont commencé à utiliser la blockchain pour aider les tribunaux à traiter les affaires de piratage et de violation des droits d’auteur. Les usages de la blockchain dans le monde des entreprises dépasse ceux du secteur de l’agriculture. L’environnement et la protection de la propriété intellectuelle sont un excellent exemple du potentiel de cette technologie.
Les entreprises blockchain doivent collaborer avec les gouvernements et les législateurs afin de trouver les moyens les plus efficaces et les plus pratiques d’utiliser cette technologie. Ce, afin d’éliminer les fausses idées et tracer les bonnes lignes directrices. Ce n’est qu’à partir de ce moment que nous aurons un environnement sécurisé et durable qui aidera les différents acteurs à tirer parti de la blockchain.
À propos de l’auteur
Johannes Schweifer est le PDG et cofondateur de CoreLedger. Il est titulaire d’un master en chimie et d’un doctorat en informatique distribuée et en chimie quantique de l’Université technique de Vienne. Serial entrepreneur, Johannes passe son temps à résoudre des problèmes et à innover. Il a fondé et co-fondé plusieurs startups blockchain dans la Crypto Valley.
En 2013, il a cofondé Bitcoin Suisse AG et a créé sa première infrastructure dédiée à la banque et à la comptabilité. En 2017, il a fondé CoreLedger AG, une startup qui vise à encourager l’utilisation de la blockchain en dehors de la finance et de la spéculation. Johannes explore activement la blockchain pour résoudre certains des plus grands problèmes du monde. Il démontre la vraie valeur de cette technologie avec des applications pratiques.
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