Les CBDC (monnaies numériques de banques centrales) représentent une nouvelle forme de monnaie qui, contrairement aux cryptomonnaies, sont émises par les autorités monétaires des pays et fonctionnent comme une version numérique de la monnaie papier.
Les monnaies numériques émises par les banques centrales (CBDC) peuvent contribuer à automatiser la politique monétaire, ce qui s’avérerait important en cas de crise comme lors de la récente pandémie, donnant ainsi aux États la capacité de soutenir leur économie plus rapidement et plus efficacement. Une traçabilité efficace permettrait également aux nations de lutter contre les activités illicites, l’évasion fiscale et le trafic de drogue.
Plus de 60 pays travaillent sur une monnaie numérique
La plus grande puissance économique au monde, les États-Unis, fait actuellement face à plusieurs sujets de débats entre républicains et démocrates, notamment les stablecoins et la régulation de l’industrie crypto. Le fait est que, en plus d’un projet de dollar numérique, les actifs crypto ont de plus en plus attiré l’attention des autorités comme des politiciens américains.
En août 2020, la Réserve fédérale américaine (Fed) a souligné l’importance de la recherche et des expérimentations visant à une meilleure compréhension des opportunités comme des risques associés aux CBDC. Ces initiatives accompagneront une ample gamme de projets d’innovations liées aux paiements étant actuellement en cours de développement au sein du système de la Réserve Fédérale.
Lael Brainard, à la tête du Conseil de la Fed, a déclaré :
“En raison de l’important rôle du dollar, il est essentiel que la Réserve fédérale reste à l’avant-garde de la recherche et du développement de politiques liées aux monnaies numériques de banque centrale. À l’instar d’autres banques centrales, nous continuerons à évaluer les opportunités, les problématiques ainsi que les cas d’usage d’une monnaie numérique en tant que complément de l’argent liquide et d’autres options de paiement.”
La Réserve fédérale ainsi que l’initiative de monnaie numérique de l’Institut Technologique du Massachussets (MIT) ont notamment annoncé une expérimentation en partenariat, nommée Projet Hamilton. Ce dernier est centré sur l’usage de technologies nouvelles et préexistantes afin de bâtir et tester une possible plateforme de monnaie numérique.
En août 2020, BC American a publié plusieurs découvertes liées à ses tests de “FooWire”, lesquels ont été réalisés par le biais du software blockchain Hyperledger Fabric. Selon les chercheurs de la Fed, ces tests ont “souligné le potentiel du DLT pour certaines usages de paiements, ainsi que la vitesse à laquelle il serait possible d’implémenter un système, la possible simplicité des contrats intelligents [smart contracts] et l’éventail de fonctionnalités offert par ces plateformes”.
La Chine, la deuxième puissance économique du monde, a été la première à mener des phases de test pour son yuan numérique, lequel compte déjà 140 millions d’utilisateurs selon les représentants de la Banque populaire de Chine. Ainsi, le montant transféré depuis l’année dernière aurait pratiquement atteint les 10 000 millions de dollars (9 700 millions). En Europe, si la Banque centrale européenne (BCE) parvient à maintenir le rythme de sa feuille de route actuelle, il est fort probable que le développement et la distribution d’un euro numérique soit finalisés en 2024.
Bien que tous les détails n’aient pas été révélés au public, l’euro numérique sera probablement conçu en tant que mode de paiement plutôt que comme une réserve de valeur telle que Bitcoin. Un communiqué de la Banque des règlements internationaux (BRI) affirme que plus de 80% des banques centrales font des recherches sur les CBDC.
L’apparition des premières CBDC
Selon l’outil CDBC tracker, le premier produit associé à une monnaie numérique à faire parler de lui dans le monde a été le système de carte à puce Avant, créé par la Banque de Finlande dans les années 1990 (1993). On peut considérer qu’il s’agit de la première CBDC au monde à avoir été produite.
Les cartes Avant étaient ainsi basées sur une technologie de carte à puce similaire à celle utilisée actuellement dans les cartes de débit et de crédit. Cela dit, bien que le système ait été initié, développé et, dans ses premières années, exploité par la banque centrale, il a finalement été fractionné et vendu aux banques commerciales.
Lorsque les cartes de débit sont devenues moins chères et ont été améliorées pour utiliser la technologie de puces, Avant est devenu obsolète et a été abandonné en 2006. En 2014, l’Équateur a ensuite émis une monnaie numérique (appelée Dinero Electrónico, ou DE). Très peu apprécié des citoyens du pays, qui ne lui faisait pas confiance, le DE représentait moins de 0,003% de la monnaie en circulation en 2016 et a été supprimé par l’Assemblée nationale en décembre 2017.
Enfin, le Sand Dollar, émis par les Bahamas, est devenu en octobre 2020 la première CBDC en circulation dans le monde, après un pilote réussi en 2019 dans le conglomérat insulaire d’Exuma. La monnaie circule désormais dans d’autres îles.
Au Nigeria, E-Naira a pour sa part été lancé en octobre 2020 dans le but d’accroître l’efficacité des paiements transfrontaliers, de renforcer l’inclusion financière, de faciliter les transferts de fonds et de réduire l’informalité. La première nation africaine à disposer de sa propre CBDC rejoint ainsi les Bahamas et la Banque centrale des Caraïbes comme étant parmi les premiers gouvernements au monde à lancer des monnaies numériques.
Preuves de concept
Toujours selon CBDC tracker, un projet open source visant à fournir une ressource d’information complète sur les initiatives mondiales en matière de CBDC, à l’heure actuelle, 10 pays testent ou sont sur le point de mettre en œuvre des preuves de concept pour leurs CBDC. On y retrouve notamment le Brésil, qui devrait lancer son projet pilote Real Digital d’ici la fin de l’année 2022.
De son côté, la Reserve Bank of Australia (RBA) explore activement l’utilisation d’un eAUD de gros (stablecoin) avec le projet Atom. La RBA a ainsi effectué une validation de concept pour simuler un système de règlement en gros impliquant les banques commerciales du pays. L’organisme s’engage à poursuivre ces recherches pour vérifier la faisabilité d’un dollar australien numérique, quoique ne disposant toujours pas d’une date pour le lancement de la monnaie numérique australienne.
En Corée du Sud, les objectifs locaux comprennent des systèmes de paiement plus efficaces et plus avancés ainsi qu’une plus grande inclusion financière. Un programme “environnement virtuel” se déroulera en deux phases. La première phase, axée sur la recherche et le test du rôle de base des monnaies numériques de la banque centrale, devrait s’achever en décembre 2021, suivie de la deuxième phase axée sur des concepts plus détaillés tels que la protection de la vie privée, dont la finalisation est prévue pour juin 2022.
Le Japon est pour sa part devenu la dernière grande économie en date à commencer à explorer la faisabilité d’une monnaie numérique de banque centrale (CBDC). La Banque du Japon (BoJ) mène ainsi une enquête sur le yen numérique, suivant les pas de son voisin chinois. Un forum local de stablecoin travaille également sur “une certaine forme de monnaie numérique” pour le secteur privé japonais afin de compléter les efforts de la banque centrale.
L’Autorité monétaire de Hong Kong (HKMA) et la Banque de Thaïlande (BOT) ont quant à elles convenu de poursuivre des travaux de recherche conjoints dans des domaines pertinents, notamment l’étude des cas d’affaires et des connexions avec d’autres plateformes, l’implication des banques et d’autres parties concernées dans des activités croisées, ou le test du transfert de fonds frontalier.
La France en partenariat avec la Suisse, la Turquie, la Suède, la Thaïlande, l’Ukraine et la Jamaïque figurent également sur la liste des pays effectuant des preuves de concept ou des programmes de test pour une CDBC.
Enfin, cinq nations ont annulé leurs projets de monnaie numérique pour différentes raisons, allant du manque de mise à jour vers les nouvelles technologies au manque de confiance du public, comme l’Équateur, qui a mis fin à sa “monnaie électronique” en décembre 2017.
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