Après Ripple Labs et Kraken, c’est au tour de Binance et Coinbase de subir les foudres de la SEC. Mais pourquoi autant d’acharnement de la part du gendarme boursier américain ?
La Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis a récemment épinglé Binance et Coinbase pour “vente de titres non enregistrés”. Un joker que l’agence de Gary Gensler sort à toutes les occasions.
Comme on pouvait s’y attendre, la nouvelle est tombée comme un coup de massue sur la crypto sphère. Alors que les théories fusent de partout, certains observateurs accusent la SEC de vouloir détruire Binance et Coinbase pour ouvrir la voie aux géants de Wall Street.
La crypto victime d’un sombre complot ?
De nombreux géants de la finance traditionnelle, y compris Standard Chartered, Nomura et Charles Schwab, ont mis le pied dans le monde de la crypto.
Gautam Chhugani, analyste chez Bernstein, pense que les investisseurs institutionnels sont plus susceptibles de faire confiance à des noms connus et reconnus (comme JP Morgan, Goldman Sachs, etc). En d’autres termes, l’expert estime que Binance et Coinbase, qui dominent actuellement le marché crypto, auront du mal à gagner la confiance des gros portefeuilles.
“Les grands investisseurs institutionnels sont évidemment plus susceptibles de se tourner vers des entreprises traditionnelles qu’ils connaissent depuis des années”.
L’année dernière, de nombreuses plateformes crypto, dont FTX, Celsius et Voyager, se sont effondrées du jour au lendemain. Ces scandales, qui ont coûté des milliards de dollars à l’industrie crypto, ont mis la lumière sur les dangers du flou juridique.
Alors que la confiance des investisseurs est au plus bas, les géants de Wall Street utilisent leur image et leur expertise pour arracher des parts de marchés aux startups crypto.
“Beaucoup d’acteurs institutionnels sont en train de tester différentes activités pour tâter le terrain, acquérir un peu d’expérience sur le marché et évaluer leurs chances de succès”, note Alexandre Birry, directeur de la recherche chez S&P Global Ratings.
La SEC a-t-elle des intentions cachées ?
Comme on pouvait s’y attendre, l’attaque de la SEC contre Binance et Coinbase a soufflé un vent de panique sur le marché crypto.
En effet, le gendarme boursier américain accuseBinance et son fondateur Changpeng Zhao de plusieurs infractions. D’après l’agence, la plus grande bourse crypto au monde aurait détourné des fonds, induit des investisseurs en erreur et vendu des titres financiers non enregistrés.
“Compte tenu de ces treize chefs d’accusation, nous soutenons que M. Zhao et les différentes entités de Binance se sont engagés dans un vaste réseau de tromperie, de conflits d’intérêts, d’absence de transparence et d’un contournement intentionnel de la loi”.
La SEC reproche également à Coinbase d’avoir joué le rôle de courtier sans aucune licence d’activité. En effet, l’agence de Gary Gensler estime que les services de courtage, de staking et de trading proposés par Coinbase enfreignent les lois relatives aux valeurs mobilières.
“Nous soutenons que Coinbase, qui est soumis aux lois relatives aux valeurs mobilières, a illégalement proposé des services d’échange, de courtage et d’intermédiation financière”.
Les plaintes déposées contre Binance et Coinbase ont suscité une large polémique au sein du marché crypto. Certains analystes vont même jusqu’à suspecter la SEC de vouloir pousser les exchanges crypto à baisser les rideaux pour céder leur place aux géants de Wall Street.
Et si Wall Street décidait de dominer la crypto ?
Bien entendu, les gourous de Wall Street ne voient pas les choses du même œil que les entreprises Web3. En capitalisant sur leur expertise et leur savoir-faire, les institutions traditionnelles pourraient rendre le marché crypto plus sûr et plus fiable.
Bien qu’elles soient beaucoup moins décentralisées que les plateformes crypto classiques, ces institutions pourraient apporter de la stabilité à une industrie essoufflée par le chaos et les scandales.
La maison de courtage Charles Schwab et les teneurs de marché Citadel Securities et Virtu Financial, ont récemment investi dans EDX Markets. De même, la banque britannique Standard Chartered a investi dans l’exchange crypto Zodia Markets et sa filiale Zodia Custody.
Ces géants de la finance traditionnelle menacent le monopole des plateformes crypto, comme Binance et Coinbase. Si Wall Street parvient à séduire les gestionnaires d’actifs institutionnels, le marché crypto pourrait devenir plus stable, plus transparent et surtout, plus conforme aux codes des législateurs.
Quel avenir pour le marché crypto ?
Le gendarme boursier américain nous veut-il du bien ? Seul le temps nous le dira. Néanmoins, les projets crypto des géants de Wall Street auront sans doute un impact majeur sur le marché des actifs numériques.
“L’infrastructure construite par les grandes institutions est nettement différente de la structure originale du marché crypto. Les dirigeants de Wall Street ont tendance à séparer certaines activités, comme le trading, de leurs services de garde. Ce, afin de réduire les risques et les conflits d’intérêts potentiels”, a rapporté le Financial Times.
Cela dit, rien ne nous garantit que ces institutions financières traditionnelles réussiront à percer dans le monde complexe de la finance décentralisée et des cryptomonnaies. On ne sait pas non plus si ces géants de la finance parviendront à détrôner les exchanges crypto actuels.
Alors que l’avenir du marché crypto demeure incertain, les procès de la SEC contre Binance et Coinbase auront sans doute un impact significatif sur la réglementation des crypto actifs.
Morale de l’histoire : Pour être efficace, il faut cacher ses intentions.
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